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jeudi 28 août 2014

Entreprendre au Féminin pour Florence de C dans combien de dodos

"Dites Maman-Papa, c'est quand la rentrée, mon anniversaire, Noël ???". 

Ces questions d'enfants sont à l'origine du projet de Florence qui a créé des produits ludo-éducatifs permettant d'y répondre de manière concrète, originale et ludique comme elle le mentionne dans son interview.

Mais comment passer de l'idée au projet, quelles ont été les différentes étapes à franchir ? Je vous laisse découvrir ce parcours de créatrice.



Bonjour, 

En quelques mots, pouvez-vous nous dire qui vous êtes et quel est votre parcours ?
  
Je m’appelle Florence, j’ai 35 ans, je suis mariée et j’ai 2 enfants.
Après des études en communication j’ai travaillé pendant près de 12 ans, en tant que chargée de communication puis chef de projet événementiel.
J’ai toujours aimé créer, chercher des concepts, repérer des idées originales...
  
A quel moment avez-vous décidé de vous lancer dans la création de votre activité et pourquoi avoir fait ce choix ?
  
J’ai eu mon 2ème enfant lorsque j’étais en agence de communication, je n’ai pas beaucoup profité de lui lors de ses deux premières années, absorbée par mon travail, par l’idée de bien faire, par le plaisir aussi que mes fonctions me procuraient à l’époque.
Puis les années passent, on évolue, le contexte professionnel change, un jour je ne me suis plus sentie en adéquation avec les directives données. Je savais que j’avais besoin de changement, pour me retrouver, retrouver ma famille, être à nouveau en cohérence avec mes valeurs.
J’ai demandé une rupture conventionnelle, c’était un gros risque compte tenu du marché du travail, mais une vraie nécessité.
  
Comment avez-vous fait pour passer de l'idée de création au projet ?
  
Après avoir quitté mon travail, j’avais besoin de « m’aérer », de me ressourcer, de voir comment ça se passait ailleurs... Pendant un an j’ai rencontré des gens de divers milieux professionnels, j’en ai suivi certains pendant plusieurs semaines, ils avaient tous comme point commun la création, le souci de cohérence et de professionnalisme dans leur activité.
Les idées s’affinaient et l’envie de créer quelque chose par moi-même devenait de plus en plus présente. Un jour j’ai tout posé à plat : toutes les idées que j’avais en tête, ce que j’aimais, ce que je n’aimais pas, les compétences que j’avais et celles que je n’avais pas, comment j’aimerais que ça se passe, sur qui je pouvais m’appuyer et quels interlocuteurs j’allais devoir rencontrer.
La première idée ne fut pas la bonne...
J’ai posé les bases d’un premier projet axé sur des coffrets d’anniversaire clé en main, je me suis associée avec une amie illustratrice qui allait développer toute la partie graphique, nous avons soumis l’idée à plusieurs parents, ça commençait à prendre forme, au bout de 3 mois, au moment où on allait lancer le projet, mon associée ne souhaitait plus continuer l’aventure. Je me retrouvais seule, un peu refroidie, remettant tout en cause. Lorsque les parents me demandaient où j’en étais, je n’étais pas super optimiste et en même temps, je ne me résignais pas à laisser tomber.

Il faut toujours s’accrocher...

Après plusieurs échanges, les remarques suivantes revenaient à chaque fois : tu as trouvé un super nom, l’univers graphique est attrayant et un des produits que j’avais évoqué rapidement en vue de le développer bien plus tard, avait retenu toute l’attention des parents.

Virage à 180°...

Il n’est alors plus question de faire des coffrets d’anniversaire, mais de développer LE produit qui avait finalement retenu toute l’attention des parents. Un nouveau positionnement est né avec d’autres idées de supports s’inscrivant dans la même lignée, permettant ainsi à la marque d’évoluer au niveau de sa gamme produits et d’assurer son développement.
C’était cohérent, évident et novateur. Il ne m’en fallait pas plus pour me lancer.

Pour la petite histoire, je n’ai plus d’associée mais je vous rassure... nous sommes restées amies ;-).

Avez-vous pu bénéficier d'un accompagnement par une structure pour vous aider dans vos démarches, pour choisir le statut juridique le mieux adapté en fonction de votre activité, vous informer sur les aides à la création d'entreprise pour les femmes ?

J’ai la chance d’être mariée à un homme qui dirige une structure d’aide aux créateurs, repreneurs d’entreprises. Il a donc pu m’accompagner dans ces démarches et m’a conseillé sur les statuts juridiques, je me suis également rapprochée de la Chambre de Commerce et d’Industrie de ma ville. Je suis actuellement en entreprise individuelle, ce statut m’a permis de créer rapidement à moindre coût pour tester « grandeur nature » le projet. Si ça continue à évoluer aussi bien, je passerai en société.
Lors de vos démarches, avez-vous senti qu'être une femme pouvait être un frein à la création d'entreprise ou au contraire un avantage ? Comment cela s'est-il manifesté ?
  
Je n’ai pas senti qu’être une femme était un frein ou un avantage. Souvent on m’accueille avec un petit sourire « amusé » qui peut laisser sous-entendre un « Qu’est-ce qu’elle va nous montrer ? » puis lorsque je commence à citer le nom de la marque, à présenter son univers et ses produits, mes interlocuteurs sont étonnés par la simplicité et l’efficacité du concept. Ils se l’approprient très facilement, ils se projettent, émettent des idées et la côte sympathie se développe à vitesse grand V.

Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées lors de la création de votre entreprise ?

J’en citerai 3 principalement :

-  « Difficulté juridique » : lorsque j’ai déposé le nom de la marque auprès de l’INPI, j’ai reçu un courrier d’un cabinet juridique spécialisé en protection industrielle. Il représentait une grande marque française qui s’opposait à quelques produits présents dans l’une des classes que j’avais déposée. Je n’avais pas commencé l’activité que je me retrouvais à devoir défendre ma marque ! Il a fallu que je fasse abstraction de tout le « folklore » d’échanges de courriers en recommandé, que je me renseigne : internet, livres de droit, cabinet conseil sur Paris... pour trouver le bon compromis et éviter des frais non prévus dans le prévisionnel. Ça a duré 3 mois en parallèle du lancement de la marque avec toutes les démarches, mises en place et « petits couacs » qui faisaient déjà partie du quotidien.

- « Difficulté identitaire » : la veille de valider les supports pour impression, je découvre sur un blog qu’une grande marque française de jouets a créé un macaron spécialement destiné aux Blogueuses ambassadrices de cette marque. Il était très joli... c’était pratiquement le même principe graphique que le mien !!! J’ai dû tout stopper et travailler en 24h avec la graphiste sur un nouveau logo.
Si au départ j’ai eu du mal à accepter le changement, car soudain, non choisi et il faut le dire : je m’étais attachée à mon logo ! Aujourd’hui, avec du recul je le trouve bien plus lisible que le premier. Finalement, ce qui peut paraître comme un « mauvais coup du sort » devient une bonne chose !

- « Difficulté personnelle » : il faut toujours se battre contre ses propres démons : La peur de l’échec et le stress d’embarquer sa famille dans l’aventure. Il faut aussi apprendre à mettre de côté le « quand dira-t-on », les personnes qui ont la critique facile, non constructive dont le seul but est de blesser.

De quoi aviez-vous besoin pour vous lancer dans votre nouvelle activité ?

Pour lancer l’activité j’avais besoin de créer un univers graphique autour de la marque, de créer également un site internet qui allait être le principal canal de distribution des produits.
J’avais surtout besoin de m’entourer d’une super équipe de parents et d’enfants volontaires, prêts à jouer le jeu pour critiquer de manière constructive les produits, émettre des idées, conforter des directives, en donner d’autres... Ça a été et ça reste des moments super intéressants, parfois très drôles et parfois très déroutants car il arrive de tout remettre en cause. Quand arrive la partie « test enfants », ça va assez vite, les enfants sont « cash » c’est : « j’aime » ou « j’aime pas », nous sommes vite fixés !... Au final, grâce à tous ces échanges, le projet se construit, se renforce et prend forme.

Pouvez-vous nous dire en quoi consiste cette activité ? 

Nous y voilà !!!.... Fini le suspens...
La marque s’appelle C danscombien de dodos ? Elle propose des produits ludo-éducatifs permettant de répondre aux petites « problématiques » des enfants de manière concrète, originale et ludique.
Savoir s’organiser, se repérer dans le temps, bien se comporter, faire preuve de patience, avoir l’envie d’apprendre... Tout ce qu’il faut pour accompagner un enfant dans sa quête du « devenir GRAND ».

LE fameux produit dont tout est parti est le super calendrier « C dans combien de dodos mon anniversaire ? » pour permettre aux enfants de se repérer dans le temps et tempérer leur impatience face à cette date d’anniversaire qui approche mais qu’on n’arrive pas à « matérialiser ».
Chaque jour l’enfant découvre une petite surprise utile, ludique ou rigolote qui le rapproche un peu plus de la date tant attendue.
Puis est venue l’idée de décliner le produit et de sortir « C dans combien de dodos l’école ? » pour la rentrée scolaire de septembre, pour anticiper et préparer en douceur ce moment important, pour que l’enfant sache QUAND exactement aura lieu cette rentrée scolaire dont tout le monde lui parle !...
Ce sont les premiers produits, d’autres vont suivre très prochainement sous d’autres formes pour répondre à de nouvelles attentes.

Comment faites-vous pour concilier votre activité professionnelle et votre vie personnelle ?

Mes deux enfants sont scolarisés donc je travaille comme n’importe quelle salariée : après les avoir déposé à l’école jusqu’au moment où je vais les rechercher en fin de journée.
Je m’occupe d’eux jusqu’au coucher et la différence intervient à ce moment-là : souvent je passe mes soirées à travailler. C’est un plaisir, un besoin, poussé par l’envie d’y arriver.
Lorsque j’ai des RDV, des soirées professionnelles, des déplacements, papa est là et prend le relais.

Quelles sont les mesures mises en place pour faciliter votre quotidien ?

Je suis quelqu’un de très organisée à la base donc pas de mesures particulières, mes enfants ont bien en tête le rythme d’une journée et m’aident sur certaines petites tâches au quotidien.
Le matin on fait un petit point avant que chacun parte pour avoir bien en tête qui récupère qui et à quelle heure ? J’imagine que ça se passe comme ça dans la plupart des familles... Rien de très original sur ce coup-là !

Quels conseils pourriez-vous donner aux femmes qui souhaitent se lancer dans la création de leur activité ? 
 
Je ne sais pas si je peux me permettre de donner des conseils.  Je dirai simplement que souvent on n’ose pas parler de son projet par peur qu’on nous « vole l’idée ». Étudier le marché est indispensable, confronter son produit à la cible est primordial. Si je n’avais pas parlé de mon projet à tous ces parents et à leurs enfants, il n’aurait pas évolué comme il a pu le faire.
Toutes les critiques constructives sont formatrices, mieux vaut les avoir avant de se lancer pour ajuster le produit plutôt que de les avoir après. On s’investit tellement dans le projet qu’on manque parfois d’objectivité, il faut laisser d’autres personnes se l’approprier, l’interpréter différemment, pour l’optimiser, le faire grandir.
J’ajouterai qu’on évolue malheureusement dans une société qui cultive la peur de l’échec, du « comment justifier cette expérience sur un CV si ça ne fonctionne pas ? »
Dans les pays anglo-saxons, c’est une vraie force d’avoir comme expérience celle d’avoir créé une entreprise, même si celle-ci n’a malheureusement pas été pérenne. Le courage de s’être lancé et toutes les connaissances acquises inhérentes à la mise en place d’un projet quel qu’il soit, sont reconnus. En France on vous colle rapidement une étiquette si vous avez essayé et que vous n’y êtes pas arrivé. Il faut faire abstraction de tout ça et tenter l’aventure, de manière posée et réfléchie bien entendu.

Si vous avez quelque chose à ajouter, c'est à vous !

Je voudrais simplement dire Merci à mon mari et à mes enfants qui me soutiennent au quotidien car sans le soutien de sa famille, je pense qu’il doit être difficile de se lancer dans une création d’entreprise.
Je remercie aussi sincèrement tous les parents qui font partie de cette aventure depuis le début et qui continuent à être présents. Ça fait partie des bons moments que je suis ravie de pouvoir vivre.

Enfin, merci à vous de m’avoir contacté, jugeant que mon parcours pourrait être utile à d’autres.
Faire un blog sur l’entrepreneuriat au féminin est très intéressant et comme j’arrive à l’étape où je souhaite échanger avec d’autres personnes qui vivent la même chose que moi, je suis plus que jamais réceptive à ce type d’initiative. Merci beaucoup.

Merci à vous pour toutes ces informations.
On vous retrouve sur votre site ou sur votre page Facebook.


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Si vous aussi vous avez envie de partager votre parcours de créatrice d'entreprise, vous pouvez m'envoyer vos coordonnées par mail egalimere@gmail.com ainsi qu'un lien vers votre site ou votre page FB.


Pour rappel : ces interviews n'ont aucune visée promotionnelle de l'activité des personnes interrogées. L'objectif est de communiquer sur le thème de la création d'entreprise par les femmes, d'apporter des informations et conseils.



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